Ecartez ce "projet professionnel" paralysant
- François Morin
- 20 mars 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 avr. 2024

La charge mentale moyenne d'un lycéen et de ses parents portant sur le projet professionnel est juste démesurée. Même constat chez les étudiants en prépa.
Quand on parle de projet professionnel, on touche à deux sujets : le projet réel, ce qu'on veut vraiment faire de sa vie et le projet qu'on arrange pour ses candidatures, qu'on force un peu, histoire d'augmenter sa crédibilité. C'est le premier dont je parle ici. Le projet sincère.
Comment voulez-vous résoudre une question comme "Qu'est-ce que je veux faire précisément de ma vie" à 18 ou 20 ans ? C'est quasi-impossible. Vous recevez régulièrement des piqûres de rappel de votre établissement qui vous enjoint sans doute à vous décider. Comme vous n'y arrivez pas, ça inquiète les parents, qui pour certains vous font passer des tests psycho pour accélérer le mouvement. Et la charge mentale augmente, bien inutilement.
Envisager d'avoir un projet professionnel déterminé à cet âge est quasi vain. La presque totalité des projets évoqués alors ne correspond pas à la première activité exercée à la sortie du supérieur. Un stage de deux mois en ambassade calme les ardeurs de 90 % des porteurs de projet dans les affaires étrangères. Et que dire des projets en journalisme, effacés après un simple mois en rédaction ? Il y a parmi vous des personnes avec des passions très fortes, pour l'aéronautique, pour le design, pour l'écriture; celles-là peuvent avoir un projet assez clairement identifié... allant de soi. Appuyé par un centre d'intérêt très marqué, le projet a acquis une maturité. Cela concerne 5 % d'entre vous, grand maximum. La très grande majorité a des envies, des points d'intérêt et de désintérêt, des points forts et faibles. Bref, des signaux plus ou moins forts et plus ou moins clairs : certains se contredisent a priori ("j'adore les maths et la physique mais aussi l'histoire et la philo" = le syndrôme du bon élève). Bref, 95 % d'entre vous sont dans un joyeux bordel et c'est absolument normal !
Avant que votre cerveau ne finisse en plat de spaghettis et avant de défenestrer un membre de votre famille, envisagez juste les deux points suivants :
- La seule démarche possible à mon sens est de réfléchir en termes "d'étape d'après". Pourquoi vous tuer à chercher le projet de votre vie ? Même les jurys qui vont évaluer vos dossiers ne savent pas ce qu'ils vont faire dans les cinq ans ! Redescendez d'un cran et demandez-vous juste ce qu'il vous ferait plaisir d'étudier après. Choisissez toujours le plaisir et/ou les domaines dans lesquels vous êtes forts. Cette démarche n'est pas moins sérieuse que celle de rechercher son projet : au contraire, elle est plus solide et marque la posture d'une personne qui s'inscrit dans un temps long et réfléchi. Et votre cheminement va se poursuivre et vous guider progressivement, au fil de vos études, de vos stages, de vos expériences extra-universitaires vers un projet de plus en plus précis. Qu'avez-vous envie d'étudier dans l'étape d'après ? Plutôt des maths ? Alors allez en maths ! Profitez de votre parcours pour y ajouter des expériences, des lectures, intéressez-vous et naturellement va apparaître un intérêt plus poussé pour la recherche, ou alors pour le business, ou encore pour l'ingénierie. Et vous choisirez de poursuivre en master de recherche, ou d'intégrer une business school ou une école d'ingénieurs.
- A une condition : que vous évitiez les voies de garage. Dit autrement, vous devez vous engager dans des voies qui ne ferment pas l'accès à des cursus que vous jugez probables ensuite. Très difficile de rejoindre une école d'ingénieurs après avoir opté pour la philo !
Inscrivez-vous dans un temps long, ne pressez rien, pensez étape par étape. C'est le plus bankable à terme. Rome ne s'est pas faite en jour, idem pour vous !
François Morin
Coach Admissions
Comments